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sentiments dirigeants, et comme le substratum de leurs œuvres respectives.

Je pense que les romans les plus connus de Georges Eliot, et les plus caractéristiques de sa manière, c’est Silas Marner, Adam Bede, le Moulin sur la Floss, et Middlemarch.

Silas le tisserand est un pauvre homme d’intelligence étroite et de coeur droit. Il appartenait à l’une des nombreuses petites églises indépendantes de là-bas. Accusé faussement de vol, il n’a su que dire : « Dieu me justifiera », et il a attendu. Dieu ne l’a pas justifié : on a cru Silas coupable et on l’a chassé de la communauté. Alors, c’est bien simple, il ne croit plus en ce Dieu qui l’a trahi ; il ne vit plus que pour amasser. Un jour, on lui dérobe son bas de laine. De ce jour, Silas, insensiblement, redevient bon ; il semble qu’en lui volant son argent on ait délivré son âme. Un devoir inattendu, une petite fille abandonnée qu’il recueille, achève son retour à la vie morale. — Adam Bede, ouvrier charpentier, aime une jeune paysanne coquette, pas méchante, mais qui, de faiblesse en faiblesse, en vient à se laisser séduire par un gentilhomme campagnard et, devenue mère, étouffe son nouveau-né. C’est donc la vieille histoire de Gretchen. Adam pardonne à la coupable et, déjà bon auparavant, il devient excellent par la douleur. — De même, le Moulin sur la Floss, c’est l’histoire de deux enfants, Tom et Maggie, l’un d’une honnêteté un peu dure, l’autre d’une sensibilité