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ont été traduites. Nous avons vu, au Théâtre-Libre, les Revenants et le Canard sauvage ; au Vaudeville, Hedda Gabler et Maison de Poupée ; au théâtre de l’Oeuvre, Rosmersholm, Un ennemi du peuple, Solness le constructeur, Brand, et le Petit Eyolf ; au théâtre des Escholiers, la Dame de la mer. Ce n’est pas tout : le Théâtre-Libre nous a révélé Une faillite du Norvégien Bjoernson, les Tisserands et l’Assomption d’Hannele Mattern, de l’Allemand Gérard Hauptmann, et Mademoiselle Julie, de l’Allemand Auguste Strindberg ; le Théâtre Idéaliste, l’Intruse, les Aveugles, Pelléas et Mélissande, du Belge Mæterlinck ; l’Oeuvre, les Âmes solitaires, de Hauptmann, les Créanciers, de Strindberg, Au-dessus des forces humaines, de Bjoernson. Et certainement j’en oublie. Vous ne pouvez vous imaginer la fureur et l’intolérance de l’admiration des jeunes gens et de certaines femmes pour ces produits du Nord. Oui, on le dirait, ces âmes polaires parlent vraiment à nos âmes ; elles y entrent très avant, elles les remuent, par moments, jusqu’au tréfonds.

Et je relis avec mélancolie cette page de M. de Vogüé, dans la préface de son Roman russe :

« Il se crée de nos jours, au-dessus des préférences de coteries et de nationalité, un esprit européen, un fond de culture, un fond d’idées et d’inclinations communs à toutes les sociétés intelligentes ; comme l’habit partout uniforme, on retrouve cet esprit assez semblable et docile aux mêmes influences,