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II

Il était du peuple, du tout petit peuple ; né à Boynes, dans le Gâtinais, d’une mère bourguignonne. Son père était ouvrier tonnelier et ne savait pas lire. Louis Veuillot connut, dans son enfance, la vie humble, étroite, indigente. Comme beaucoup d’artisans de la campagne, ses parents furent contraints par la misère de venir chercher un refuge à Paris. Louis s’éleva tout seul. Écolier de la mutuelle, puis saute-ruisseau, sans nulle éducation religieuse (il fit sa première communion comme la font les gamins de Paris, et ses parents étaient de braves gens qui n’allaient pas à la messe), il se forma principalement dans la rue et dans les cabinets de lecture, au hasard. Il fut un autodidacte, comme quelques-uns des plus originaux esprits de ce temps. Il était sensible et fier, frémissant aux injustices, prêt à la révolte. « Dans mon enfance, dit-il (1re préface des Libres Penseurs), quand certain patron de mon père venait lui intimer durement ses ordres, mon cœur bondissait, j’éprouvais un frénétique désir d’écraser cet insolent. Je me disais : « Qui l’a fait maître et mon père esclave ? mon père qui est bon, brave et fort, et qui n’a fait de tort à personne ; tandis que celui-ci est chétif, méchant, larron et de mauvaises mœurs. Mon père et cet homme, c’était tout ce