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tions de Dieu, — profondes dans leur simplicité, car elles vont à l’essentiel et dissipent les prestiges des systèmes philosophiques, — ces définitions que le délicieux poète grec laisse tomber avec un ironique détachement, Lamartine n’a fait que les embrasser, — tour à tour ou même à la fois, — de toute la force de sa pensée et de son imagination… Et que pouvait-il davantage ?

Après le Dieu personnel, créateur et extérieur au monde ; après le Dieu immanent, le Dieu évolutionniste, ressort de l’histoire et du progrès humain, reste « Dieu sensible au cœur », Dieu postulat de la morale, le Dieu solide et pratique. C’est ce Dieu-là dont Lamartine suppose la loi enfin obéie par tous les hommes dans l’idéale cité d’Utopie. Et c’est cette loi dont il énumère les préceptes dans la dernière partie du Livre primitif : code d’une majesté ingénue, où les devoirs éternels de l’homme semblent gravés sur des stèles immémoriales par quelque législateur de l’âge d’or, et que M. de Pomairols résume ainsi, fort exactement :

« Faites prier par les plus doux et par les poètes ; ceux-ci achèveront l’image de Dieu… Tu ne mangeras pas de chair ; tu ne boiras ni vin, ni suc de pavots ; fuis l’ivresse. Respecte ton père… Allie-toi à une seule femme et qui ne soit pas de ta famille, afin que la tendresse humaine s’étende… Ne vous séparez pas en tribus, en nations… Possédez, aimez et cultivez la terre ; elle est inépuisable à transformer