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  Votre cri de Dieu même est l’infaillible voix.
  Quel mouvement sans but agite la nature ?
  Le possible est un mot qui grandit à mesure,
  Et le temps qui s’enfuit vers la race future
          A déjà fait ce que je vois !…

Suit une vision des derniers âges. Ce n’est, en somme, que la description lyrique de la société idéale dont la formation est racontée, étape par étape, dans les strophes des Laboureurs, et dont le code est formulé dans le Livre primitif : revenons donc à celui-ci.

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Déisme ou panthéisme, double projection de l’âme humaine agrandie, planante au-dessus du monde pour le gouverner, ou immanente au monde même pour en développer lentement les formes, ces deux conceptions de Dieu ne sont pas neuves ; elles sont écloses d’elles-mêmes dans l’esprit des premiers hommes qui ont su penser ; et les derniers venus, même quand ils s’appelaient Descartes, Spinoza et Kant, sont demeurés emprisonnés entre elles deux. Tout ce qu’on a pu faire, ç’a été, tantôt d’aller de l’une à l’autre, et tantôt de les concilier en apparence, grâce aux fuyantes équivoques et aux duperies des mots.

Déjà, il y a deux mille quatre cents ans, Euripide faisait dire à l’un de ses personnages : « Prions Jupiter, quel qu’il soit, nécessité de la nature, ou esprit des hommes. » (Les Troyennes, vers 893.) Ces deux défini-