Dans l’œuvre qu’il produit et qu’il s’identifie.
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Trouvez Dieu : son idée est la raison de l’être ;
L’oeuvre de l’univers n’est que de le connaître.
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Tout exhale un soupir, tout balbutie un nom ;
Ce cri, qui dans le ciel d’astre en astre circule,
Tout l’épelle ici-bas, l’homme seul l’articule.
L’Océan a sa masse et l’astre sa splendeur ;
L’homme est l’être qui prie, et c’est là sa grandeur.
Sur l’impossibilité de concevoir Dieu séparé du monde, Lamartine avait d’abord écrit :
Mes ouvrages et moi, nous ne sommes pas deux ;
Comme l’ombre du corps, je me sépare d’eux ;
Mais si le corps s’en va, l’image s’évapore :
Qui pourrait séparer le rayon de l’aurore ?
Ému par les reproches des chrétiens et des purs déistes, il voulut bien remplacer ces vers par ceux-ci :
Rien ne m’explique, et seul j’explique l’univers ;
On croit me voir dedans, on me voit au travers ;
Ce grand miroir brisé, j’éclaterais encore !
Eh ! qui peut séparer le rayon de l’aurore ?
Il ne daigna pas s’apercevoir que, dans cette seconde version, le dernier vers contredit absolument l’avant-dernier. Ou plutôt je crois qu’il s’en aperçut, et j’en conclus, — me souvenant d’ailleurs de certains autres vers, — que c’était la première version qui rendait sa vraie pensée.