Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/227

Cette page n’a pas encore été corrigée

  Dans l’œuvre qu’il produit et qu’il s’identifie.
 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
  Trouvez Dieu : son idée est la raison de l’être ;
  L’oeuvre de l’univers n’est que de le connaître.
 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
  Tout exhale un soupir, tout balbutie un nom ;
  Ce cri, qui dans le ciel d’astre en astre circule,
  Tout l’épelle ici-bas, l’homme seul l’articule.
  L’Océan a sa masse et l’astre sa splendeur ;
  L’homme est l’être qui prie, et c’est là sa grandeur.

Sur l’impossibilité de concevoir Dieu séparé du monde, Lamartine avait d’abord écrit :

  Mes ouvrages et moi, nous ne sommes pas deux ;
  Comme l’ombre du corps, je me sépare d’eux ;
  Mais si le corps s’en va, l’image s’évapore :
  Qui pourrait séparer le rayon de l’aurore ?

Ému par les reproches des chrétiens et des purs déistes, il voulut bien remplacer ces vers par ceux-ci :

  Rien ne m’explique, et seul j’explique l’univers ;
  On croit me voir dedans, on me voit au travers ;
  Ce grand miroir brisé, j’éclaterais encore !
  Eh ! qui peut séparer le rayon de l’aurore ?

Il ne daigna pas s’apercevoir que, dans cette seconde version, le dernier vers contredit absolument l’avant-dernier. Ou plutôt je crois qu’il s’en aperçut, et j’en conclus, — me souvenant d’ailleurs de certains autres vers, — que c’était la première version qui rendait sa vraie pensée.