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Tout le morceau, qui est considérable (632 vers), demeure fidèle à ce caractère. Le poète devait pourtant être tenté de faire prédire la venue du Christ, Fils de Dieu, par le vieux sage du mont Carmel. La prédiction eût pu être éloquente et magnifique. Lamartine, vingt ans auparavant, n’y eût sans doute pas résisté. Ici, il s’est abstenu. Et je ne prétends point sans doute que cela l’empêchera plus tard d’être repris par le charme ouaté d’une foi imprécise et d’adorer de nouveau dans le Christ, aux heures d’attendrissement, une divinité métaphorique et mal définie. Et ce n’est pas non plus d’avoir pensé de cette façon dans le Livre primitif que j’ai à le louer, mais d’avoir dit, ce jour-là, le fond de sa pensée et de n’avoir pas confondu ce qu’il pensait avec ce qu’il pouvait se ressouvenir d’avoir cru et aimé.

C’est donc à la raison de définir Dieu. Vous vous doutez que cela n’est pas facile. Ni le déisme ne nous satisfait, ni le panthéisme. Il ne reste alors qu’à fondre ces deux conceptions opposées dans une espèce d’idéalisme ou, un peu plus exactement, de pansymbolisme, qui ne pourra jamais être bien clair.

Lamartine croirait volontiers à un Dieu personnel ; et même il y croit. Mais un Dieu personnel, ce n’est, forcément, que l’homme agrandi. Le déisme n’est que l’expression la moins déraisonnable de l’anthropomorphisme. Vous savez les difficultés que présentent et la Création, et la Providence, et l’existence d’un