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  Ils voyaient ondoyer en bas, à grandes ombres,
  La bruissante mer de leurs feuillages sombres…

Autres merveilles, et plus soutenues : la prodigieuse description de la terre avant le déluge ; le chœur des cèdres, les mœurs des tribus nomades, le culte des ancêtres et les discours des vivants aux morts ; les amours de Daïdha et de Cédar ; leur fuite dans la forêt vierge ; le défilé des peuples devant les géants, fresque lamentable, fourmillante et démesurée, mais piquée de détails violemment réalistes ; fresque symbolique et qui fait songer à l’éternelle et vaine procession de l’humanité douloureuse sous les yeux d’un Dieu méchant :

 Ils passaient, ils passaient, squelettes de la faim… ;

tout le rôle de Lackmi, qui est la figure la plus vivante du poème, sa passion humble et furieuse, ses discours ardents, sa ruse, sa mort amoureuse ; la suprême malédiction jetée par Cédar au monde et à Dieu ;

Et surtout, surtout, le Fragment du Livre primitif !

Je n’ai voulu vous soumettre, touchant la Chute d’un ange, que quelques impressions qui me fussent à peu près personnelles (encore m’abusé-je peut-être). Mais si vous en désirez une critique plus complète, et intelligente, et précise, et généreuse, je vous renverrai simplement au livre de M. Charles de