Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/214

Cette page n’a pas encore été corrigée

logie. Un jour, on réalisa devant lui l’aventure de Pasiphaé, — puis celle d’Icare. (Suétone : Néron, XII) « Icare, à son premier essor, tomba près du lit sur lequel était assis Néron, et le couvrit de sang. »

À vrai dire, c’est une assez belle invention de souffrances, de souffrances brutales et extrêmes, que la tragédie en tableaux vivants, en tableaux réels, dont les tyrans-dieux s’offrent le régal. Écoutez, — et frémissez si le cœur vous en dit.

La scène est une cour de prison. Par des lucarnes adroitement dissimulées, les géants, « de leurs lits de roses », peuvent tout voir sans être vus. Tel, « Néron regardait les jeux par de petites ouvertures. » (Suétone.)

Les personnages du drame sont un jeune homme, Isnel, une jeune femme, Ichmé, et un enfant de six mois, leur fils.

  De l’asile où leurs jours de joie étaient cachés,
  Des bourreaux, le matin, les avaient arrachés :
  Conduits séparément dans l’enceinte céleste,
  Ils tremblaient l’un pour l’autre : ils ignoraient le reste.

Ichmé est assise, avec son enfant, dans la cour de la prison, qu’une haute tour domine. En levant les yeux, elle aperçoit Isnel au sommet de la tour. Joie des deux amants. Une corde se trouve nouée aux créneaux ; Isnel la déroule, descend auprès de son aimée. Baisers, transports… Ichmé lui dit : « Sauve d’abord l’enfant ! » Isnel prend le nourrisson et