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Oh ! cette fête des géants ! Les jardins suspendus de Sémiramis, et la Maison d’or de Néron, et les douze palais et les baignoires de Caprée, et les parfums, et la musique, et les vins précieux, et les mets de Lucullus ou de Trimalcion, qu’est-ce que cela ? Ils ont inventé de bien autres délices.

Un de leurs raffinements consiste dans la substitution méthodique de la femme vivante et nue aux décors architecturaux et même au mobilier des appartements. Car non seulement les tyrans-dieux ont trouvé ceci, d’enrouler en spirale autour des colonnes, de grouper en cercle sous les chapiteaux et de dérouler en guirlandes le long des frises d’innombrables corps sans voiles ; mais c’est une jonchée de corps vivants et dévêtus qui leur sert de tapis ; ce sont des « toisons de jeunes filles » qui leur servent de coussins, et ce sont des corps assouplis de belles esclaves qui leur tiennent lieu de tables, de fauteuils, de chaises longues, de pupitres, — et de chancelières :

…Leurs pieds chauds reposaient entre des mains d’ivoire…

Si vous prenez la peine de feuilleter Tacite et Suétone, vous verrez que c’est là un développement de certaines idées de Néron. — Mais vous remarquerez d’abord que les femmes-meubles des tyrans-dieux seraient fort incommodes ; que rien ne vaut un rocking-chair pour être bien assis, et que la