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ermitage, comme la mère aimante de tous ces êtres animés. »

Et voici, très abrégée, la « réplique » lamartinienne :

  L’air tiède et parfumé d’odeurs, d’exhalaisons,
  Semblait tomber, avec les célestes rayons,
  Encor tout imprégné d’âme et de sèves neuves,
  Comme l’air virginal qui vint fondre les fleuves
  Du globe enseveli dans son premier hiver,
  Quand la vie et l’amour se respiraient dans l’air…
 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
  Et les herbes, les fleurs, les lianes des bois
  S’étendaient en tapis, s’arrondissaient en toits,
  S’entrelaçaient aux troncs, se suspendaient aux roches,
  Sortaient de terre en grappe, en dentelles, en cloches,
  Entravaient nos sentiers par des réseaux de fleurs,
  Et nos yeux éblouis dans des flots de couleurs.
  La sève, débordant d’abondance et de force,
  Coulait en gomme d’or des fentes de l’écorce,
  Suspendait aux rameaux des pampres étrangers,
  Des filets de feuillage et des tissus légers,
  Où les merles siffleurs, les geais, les tourterelles,
  En fuyant sous la feuille, embarrassaient leurs ailes ;
  Alors tous ces réseaux, de leur vol secoués,
  Par leurs extrémités d’arbre en arbre noués,
  Tremblaient, et sur les pieds du tronc qui les appuie,
  De plumes et de fleurs répandaient une pluie…
 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
  Chaque fois que nos pieds tombaient dans la verdure,
  Les herbes nous montaient jusques à la ceinture,
  Des flots d’air embaumé se répandaient sur nous,
  Des nuages ailés partaient de nos genoux,
  Insectes, papillons, essaims nageants de mouches,
  Qui d’un éther vivant semblaient former les couches ;