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  Ces jeux de deux enfants loin des yeux de leurs mères,
  Qui prennent pour amour leurs naïves chimères,
  Risible enfantillage et des sens et du cœur,
  Voilà ce qui du ciel serait en vous vainqueur !…
  Je ne me doutais pas que dans ces jours sinistres,
  Où l’autel est lavé du sang de ses ministres,
  Pendant que des cachots chacun d’eux comme moi
  S’élance à l’échafaud pour confesser sa foi…..
  Je ne me doutais pas qu’un des soldats du temple,
  Du lévite autrefois la lumière et l’exemple,
  Au grand combat de Dieu refusant son secours,
  Amollissait son âme à de folles amours ;
  Au pied de l’échafaud où périssaient ses frères
  Sacrifiait au dieu des femmes étrangères,
  Pensant sous quel débris des temples du Seigneur
  Il cacherait sa couche avec son déshonneur !

Et, quand Jocelyn a sangloté qu’il aime Laurence :

  Parler d’amour, grand Dieu ! sous ces ombres muettes !
  Insensé, regardez, et songez où vous êtes !
  Voyez, dans ces cachots, ces membres amaigris,
  Ces bras levés au ciel, par des chaînes meurtris,
  Cette couche où l’Église expire, et sent en rêve
  Le baiser de l’Époux dans le tranchant du glaive,

(Sont-ils beaux, ces deux vers !)

  Ce sépulcre des morts par la vie habité,
  Qui ne se rouvre plus que sur l’éternité…
  Et c’est là, c’est devant ces témoins du supplice,
  Devant ce moribond qui marche au sacrifice,
  Que vous osez parler de ces amours mortels,
  Vous, dévoué d’avance à nos heureux autels,