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à moi-même le modèle idéal du lyrisme dont j’aurais voulu approcher. »

Ainsi l’auteur des Harmonies parcourt, d’un mouvement naturel, toutes les façons de concevoir et d’aimer Dieu. J’ai indiqué la façon catholique, — d’un catholicisme où le dogme n’est pas serré de très près, mais où persistent l’accent des hymnes liturgiques, l’odeur de l’encens, le recueillement du sanctuaire, un charme très doux d’oraison pieuse. (La Lampe du Temple ou l’Âme présente à Dieu ; Hymne du soir dans les Temples.) — Puis nous avons vu le déisme du poète, par la nature des arguments qui l’appuient et par l’espèce d’ivresse amoureuse dont il est envahi en les développant (ces arguments étant les spectacles même de l’univers sensible), aboutir à une disposition d’âme proprement panthéistique. — Enfin, cet enchantement secoué, voici reparaître le spiritualisme ardent et pur des Méditations (le Tombeau d’une mère, Hymne de la mort). Dans ce vaste soliloque : Novissima Verba, le poète, près de désespérer, se réfugie, parmi la fuite, la vanité et le néant du tout, dans la seule certitude de la conscience morale, et rencontre, pour la définir, des images qui semblent d’exactes transpositions des formules kantiennes :

  Non ! dans ce noir chaos, dans ce vide sans forme,
  Mon âme sent en elle un point d’appui plus ferme,
  La conscience ! instinct d’une autre vérité,
  Qui guide par sa force et non par sa clarté,