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  Jéhovah ! Jéhovah ! ton nom seul me soulage…

Vous sentez bien qu’il crie ici : « Jéhovah » comme ses lointains ancêtres eussent crié : « Vishnou », et que les deux cris ont le même sens. — Et, par exemple, vous trouverez le même souffle, le même mouvement, les mêmes images, le même son et, j’y reviens, la même « ivresse » dans l’Hymne de Cutsa (vous savez que Cutsa est le nom de l’Aurore) et dans l’Hymne du matin :

  Ô Dieu, vois dans les airs !…
  Ô Dieu, vois sur les mers !…
  Ô Dieu, vois sur la terre !…

J’ai cité tout à l’heure un peu pêle-mêle, pour les rapprocher des cantiques de notre poète, des prières hindoues d’époques et même d’inspirations un peu diverses. Je précise maintenant : c’est aux plus anciennes hymnes, — à celles où le panthéisme n’est qu’en germe et n’a pas encore enfanté le pessimisme bouddhique, — que ressemblent particulièrement certaines Harmonies. Et cette poésie, védique ou lamartinienne, est sans doute la plus grande et la plus glorieuse que les hommes aient entendue.

 Il pense, et l’univers dans son âme apparaît.

Cette poésie-là, c’est bien, en effet, l’apparition chantante de l’univers dans une âme.