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est, chez lui, ardent, vivant, luxuriant. Il sépare Dieu du monde dans sa pensée, jamais dans son imagination, jamais dans sa prière. Prier, c’est pour lui, le plus souvent, communier avec le symbolique univers et jouir avec exaltation de la beauté des choses.

J’ai fait une découverte, en feuilletant l’Histoire de la littérature hindoue, du poète excellent et de l’irréprochable bouddhiste Jean Lahor. C’est que la moitié des Harmonies de Lamartine sont tout simplement des hymnes védiques. Non qu’il ait imité les Védas ; il est même fort probable qu’il ne les connaissait point au moment où il écrivait les Harmonies. Cet homme d’Orient (vous vous souvenez qu’il croyait fermement à ses origines orientales) a retrouvé cela tout seul.

Il serait curieux de noter la ressemblance, non seulement de sentiment, mais, çà et là, d’expression entre les hymnes de Lamartine et ceux des antiques brahmanes. Dans l’Hymne de la nuit je lis cette strophe :

  Ces chœurs étincelants que ton doigt seul conduit,
  Ces océans d’azur où leur foule s’élance,
  Ces fanaux allumés de distance en distance,
  Cet astre qui paraît, cet astre qui s’enfuit,
  Je les comprends, Seigneur ! Tout chante, tout m’instruit
  Que l’abîme est comblé par ta magnificence

Ainsi, dans le Rig-Véda : « De sa splendeur, il rem-