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dans ces effusions. Moi, pas, c’est tout ce que j’ai à dire. À mon avis, Lamartine est peut-être le seul poète qu’il ne faille jamais accuser d’artifice ; — de nonchalance ou de maladresse, ou de naïveté, oui, si l’on veut.

2º Beaucoup de ces hymnes sont, sans doute, des hymnes déistes et, par conséquent, dans la pensée du poète, nullement contradictoires au dogme chrétien. Mais il arrive ceci, que le déisme de Lamartine prend souvent, à son insu, l’accent proprement panthéistique. C’est que, en dépit de son acte de foi préalable en un Dieu personnel et distinct de la création, Lamartine a bien, en présence de l’univers physique, la même disposition sentimentale et éprouve bientôt la même espèce d’ivresse que les panthéistes décidés. Concevoir les phénomènes sensibles comme des signes de la puissance, de la grandeur et de la bonté de Dieu, ou croire que ces phénomènes sont des modes d’existence de la divinité même, ce n’est sans doute pas, philosophiquement la même chose ; mais, s’il s’agit de glorifier Dieu, — ici par ce qu’on appelle ses œuvres, là par ce qu’on appelle ses manifestations et ses divers aspects, — ce seront nécessairement les mêmes développements, ce sera l’énumération des mêmes objets, des mêmes images. Entre ces deux conceptions métaphysiques pourtant si différentes, il n’y aura plus guère que l’épaisseur d’une métaphore.

Le déisme, — abstrait et glacé chez d’autres, —