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tures à louer Dieu, — avec, peut-être, des réminiscences de ces charmantes hymnes du Bréviaire romain, pour Matines, pour Laudes, pour Vêpres, etc., où le rapport de chaque prière avec l’heure du jour est si gracieusement indiqué, et où l’on dirait que pénètre un peu de la nature, comme un rayon de soleil qui vient tomber sur le tabernacle, ou comme une branche de feuillage aperçue par le vitrail entr’ouvert :

  Celui qui sait d’où vient le soleil qui se lève
  Ouvre ses yeux noyés d’allégresse et d’amour.
  Il reprend son fardeau que la vertu soulève,
  S’élance et dit : « Marchons à la clarté du jour ! »

(Cf. les Hymnes traduites par Jean Racine.)

Et c’est encore, si vous voulez, le bon vieil argument d’école, l’innocente « preuve de l’existence de Dieu par le spectacle de la nature », harmonieusement développée déjà par Fénelon, Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre, reprise, renouvelée, rendue splendide par l’imagination d’un grand poète. Ce que vaut cette preuve philosophiquement, je n’ai pas à le rechercher. La valeur, très variable, en est proportionnelle à la puissance d’émotion qui est en chacun de nous et à notre aptitude à jouir du beau dans l’univers physique. C’est une de ces preuves de pur sentiment, qui sont les plus faibles ou les plus fortes selon les cas.

M. Deschanel voit de l’« artifice » (I, page 204)