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  Paix et mélancolie
  Veillent là près des morts,
  Et l’âme recueillie
  Des vagues de la vie
  Croit y toucher les bords…

Les choses, ici, sont vraiment translucides et comme imbibées de lumière. Tous les traits sont bien empruntés à un cimetière de village : mais la transmutation est instantanée, du pigeon qui, de la maison voisine, vient picorer sur les tombes en la colombe de l’arche ; du soleil qui s’éteint (pour renaître) derrière les cyprès, au soleil éternel qui se lève de l’autre côté de la mort ; et l’on ne sait si cette forme sombre agenouillée sur une pierre « aux longs rayons du soir » est en effet une veuve qui prie, ou la vague statue de l’Âme espérante… Et, encore une fois, que cherchent donc les jeunes symbolistes, si ce n’est cela ?

Lisez enfin l’Occident (dans les Harmonies). Voilà la merveille des merveilles, l’exemplaire idéal de la poésie symbolique. Lamartine décrit simplement un coucher de soleil :

  Et la mer s’apaisait comme une urne écumante
  Qui s’abaisse au moment où le foyer pâlit…
 . . . . . . . . . . . . . . . . .
  Et la moitié du ciel pâlissait…
 . . . . . . . . . . . . . . . . . .
  Et dans mon âme, aussi pâlissant à mesure,