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Cette colline est une vraie colline, d’où le poète revoit à ses pieds le théâtre de sa jeunesse ; mais c’est en même temps le sommet de l’âge mûr, l’arête qui sépare les deux versants de la vie, et cela, sans que ces correspondances soient formellement énoncées. — Dans la Retraite (Harmonies), la pénétration des images par l’idée est plus intime et plus profonde encore. Cela vous ennuiera-t-il beaucoup que je vous cite quelques-unes des dernières strophes, si connues ? Le poète vient de nous dire que « sa fenêtre est tournée vers le champ des tombeaux », où l’herbe couvre le sommeil des morts ; que « plus d’une fleur nuance ce voile » et que, là, tout parle d’espérance et de réveil. Il continue :

  Mon œil, quand il y tombe,
  Voit l’amoureux oiseau
  Voler de tombe en tombe,
  Ainsi que la colombe
  Qui porta le rameau,

  Ou quelque pauvre veuve,
  Aux longs rayons du soir,
  Sur une pierre neuve,
  Signe de son épreuve,
  S’agenouiller, s’asseoir,

  Et, l’espoir sur la bouche,
  Contempler du tombeau,
  Sous les cyprès qu’il touche,
  Le soleil qui se couche
  Pour se lever plus beau.