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Lisez toute cette petite pièce : le Mont-Blanc. Vous verrez que, d’un bout à l’autre, l’idée et l’image s’y entrelacent mollement, mais inextricablement.

Nous sommes bien loin des vieilles pratiques traditionnelles :

  1º Telle qu’une bergère au plus beau jour de fête…
  2º Telle, aimable en son air, mais humble dans son style…

Les classiques mettent d’un côté l’objet comparé, de l’autre côté l’objet auquel ils le comparent, — et une cloison entre les deux. (Victor Hugo fait encore souvent ainsi, et je ne dis point que Lamartine ne le fasse jamais.) Et cela n’est pas, sans doute, le contraire de la poésie ; mais ce n’est pas non plus la poésie même. La poésie même, c’est, bien décidément, la concomitance du sentiment et de sa représentation concrète, et la pénétration de celle-ci par celui-là. Et, sauf erreur, c’est bien ce qu’on appelle le symbolisme, et c’est ce que Lamartine offre presque à chaque instant.

Du premier coup, il avait trouvé cela. Déjà, dans la Prière (Premières Méditations), les traits dont se compose la description de la campagne à l’heure du couchant évoquent d’eux-mêmes la vision d’un temple, et la nature prie avant même que le poète se soit mis à prier. — Dans le Passé (Nouvelles Méditations), vous vous rappelez le premier vers :

 Arrêtons-nous sur la colline.