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et quelle suavité dans l’impression totale. Et ne serait-ce pas un peu cela que cherchent aujourd’hui les plus inquiets de nos jeunes poètes ?

Un des procédés qui contribuent le plus à donner à la poésie de Lamartine cet on ne sait quoi de fluide, d’aérien, d’angélisé, c’est ce que nous appellerons, si vous le voulez bien, la comparaison ascendante. Je crois, sans en être absolument sûr, que Victor Hugo a plutôt l’habitude de comparer les choses de l’âme et de l’esprit à celles de la matière. Au contraire, Lamartine ; tous les objets qu’il touche de son verbe, c’est pour les élever en dignité. Il tire la vie de l’élément vers la vie de la plante et de l’animal, l’animal et la plante vers l’homme, l’homme vers Dieu. Il pousse tout l’univers visible sur l’échelle de Jacob. Les exemples, ici, foisonnent à chaque page. Je vous en donnerai quelques-uns, beaucoup moins pour votre instruction que pour mon délassement :

  Pourquoi relevez-vous, ô fleurs, vos pleins calices,
  Comme un front incliné que relève l’amour ?
 . . . . . . . . . . . . .
  Ô Dieu, vois sur les mers ! Le regard de l’aurore
  Enfle le sein dormant de l’Océan sonore
  Qui, comme un cœur de joie ou d’amour oppressé,
  Presse le mouvement de son flot cadencé
      Et dans ses lames garde encore
  Le sombre azur du ciel que la nuit a laissé.
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