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de Rossini. Puis ces mots de « maestria » et de « verve », appliqués à Lamartine, me font peine : ils me semblent le rapetisser étrangement. Et, pour tout dire, je suis bien fâché qu’un livre qui renferme ces chefs-d’œuvre : Bénédiction de Dieu dans la solitude, Pensée des morts, l’Occident, l’Infini dans les Cieux, le Chêne, l’Humanité, la Vie cachée, Éternité de la nature et brièveté de l’homme, Milly, le Cri de l’âme, Hymne au Christ, la Retraite, Hymne de la mort, Souvenir à la princesse d’Orange, le Premier Regret, Novissima Verba et Les Révolutions, paraisse susciter finalement dans l’esprit de M. Deschanel l’image d’un abbé Liszt « pour qui Jéhovah n’est qu’un thème sur lequel il brode des fugues ».

Il est vrai que M. Deschanel ajoute : « Par moments ». Oh ! que cette restriction était nécessaire ! La vérité, c’est que, de même que Hugo remplit parfois les intervalles de son inspiration par des exercices de sa forte rhétorique plastique, il peut arriver aussi que Lamartine s’abandonne à son innocente rhétorique musicale. On trouverait, dans les Harmonies, jusqu’à trois ou quatre « cavatines » un peu faciles. Je peux vous dire où : c’est dans l’Hymne de la nuit, dans l’Hymne du matin et dans Encore un hymne. Nulle part ailleurs, je vous assure. Le reste du temps, la surabondance de la forme n’est visiblement que l’effet du trop-plein de l’inspiration. Et en tout cas, dans les rares passages qui ont suggéré à M. Deschanel de si damnables observations,