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poète, à Florence, dans ce milieu cosmopolite, passant ses soirées à la Pergola « entre des abbés et des filles », comme Hercule entre la Vertu et la Volupté ; le lendemain, improvisant ses vers dans les jardins de Boboli ou aux Cascine, l’oreille encore pleine des fioritures du ténor ou de la « prima donna » : quelque chose de leur manière rossinienne s’y glissa malgré lui, à son insu. On sait à quel point Rossini est païen tout pur, jusque dans ses Messes et dans ses Stabat. Pour un Italien, l’opéra et la messe ne diffèrent pas sensiblement. Cimarosa, comme Rossini, charmait Lamartine dans sa jeunesse. Il le chantait à pleine poitrine. Génies mélodiques, analogues au sien par la veine heureuse et la grâce. Non moins grande, j’imagine, devait être son affinité avec Bellini qui, lui aussi, était un féministe, et en mourut jeune, comme Mozart… »

Oui, cela est spirituel ; mais cela est à mille lieues de ce que je sens, à mille lieues de l’impression que je viens de recevoir, une fois de plus, de la lecture totale des Harmonies. Il m’est impossible de souffrir que, discrètement et sans y toucher, on rapproche ainsi Lamartine d’un improvisateur napolitain, d’un « ténor », d’une « prima donna » et de ces « féministes » qui, d’avoir été féministes, moururent jeunes. En tous cas, Lamartine n’est pas de ceux qui en meurent, puisqu’il mourut, lui, à près de quatre-vingts ans. Je ne puis non plus comprendre qu’on voie en lui un « païen » à la façon