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être, de le « relier » à l’univers (relligio) et de rattacher l’éphémère à l’éternel, la traditionnelle élégie épicurienne se trouve agrandie jusqu’aux étoiles…

M. Émile Deschanel parle dignement du Crucifix, de Bonaparte, du Poète mourant : mais pourquoi ne nomme-t-il même pas la pièce qui ouvre les Nouvelles Méditations et qui est intitulée le Passé ? C’est une de celles que je relis le plus volontiers. Je ne dis point que ce soit une des plus surprenantes que Lamartine ait écrites. Mais c’est, je crois, une des plus parfaitement caractéristiques du lyrisme de ses deux premiers recueils. Cela est délicieusement chantant et ailé. Rappelez-vous ces « départs » de phrases musicales :

 Arrêtons-nous sur la colline…

Puis :

 Repassons nos jours, si tu l’oses…

Puis :

  Hélas ! partout où tu repasses,
  C’est le deuil, le vide ou la mort…

Et enfin :

  Levons les yeux vers la colline
  Où luit l’étoile du matin…