Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/132

Cette page n’a pas encore été corrigée

Je sens que je glisserais tout de suite aux notules admiratives, aux exclamations dont les professeurs d’autrefois garnissaient le bas des pages de leurs éditions d’écrivains classiques. Mais je sais particulièrement gré à M. Émile Deschanel d’avoir daigné revenir, en deux ou trois chapitres, à quelques-uns des meilleurs usages de l’ancienne critique scolaire. Aujourd’hui, en effet, la critique est, le plus souvent, une muse un peu dédaigneuse, uniquement préoccupée d’idées générales, qui considère les livres de très haut et qui n’en retient que ce qui peut servir d’argument à telle théorie esthétique ou s’adapter à telle interprétation évolutionniste d’une période littéraire. Cette critique-là est du plus sérieux et du plus profond intérêt ; mais elle n’implique nullement et l’on pourrait presque dire qu’elle exclut la lecture lente, paresseuse et voluptueuse, la lecture qui savoure, qui se récrie et qui annote, la lecture à la façon des bons humanistes du temps passé.

M. Deschanel ne craint point de donner dans ces doctes baguenauderies, — oh ! discrètement, — et de faire, çà et là, le professeur. Il ne rougit point d’analyser certaines pièces, de les apprécier en elles-mêmes, d’y rechercher les « imitations » volontaires et involontaires, de les classer enfin par ordre de mérite. Et pourquoi en aurait-il honte ? Avant d’assigner aux œuvres leur place dans l’histoire du développement des idées ou des formes littéraires,