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Saules contemporains, courbez vos longs feuillages
            Sur le frère que vous pleurez.

Je vous prie de relire, dans la Préface des Méditations écrite en 1849, le récit d’une de ses excursions d’enfant, avec son père, à travers la montagne, et la visite au vieux gentilhomme qui vivait dans une si jolie maisonnette de curé et qui copiait ses vers sur de si beaux cahiers, — et de savourer la couleur et l’accent du morceau. Lamartine mourut vigneron, grand vigneron, hanté par des rêves de vendanges démesurées. — Au lieu qu’il faut presque aller jusqu’aux Feuilles d’Automne pour trouver, chez Victor Hugo, une vue directe de la nature, la terre, les eaux et les feuillages murmurent, chantent, fleurissent, ondoient et surabondent à toutes les pages de l’œuvre poétique de Lamartine, depuis les Méditations jusqu’à l’évangélique Histoire d’une servante, en passant par Jocelyn et la Chute d’un ange. Les autres, Chateaubriand, Hugo, Michelet, peuvent être de grands amoureux des spectacles de la terre : Lamartine, lui, est réellement un « rustique », — comme George Sand.

Voulez-vous savoir où, dans quelles circonstances, — et dans quelle posture, — il traça, sans le savoir, le premier crayon de ce qui devait être le Lac ? C’était en 1814 ; il était garde du corps du roi Louis XVIII, et fut envoyé en garnison à Beauvais. Aux heures de loisir, il s’en allait errer