que. Cette haute société royaliste, — et spiritualiste depuis la Révolution, — avait son grand écrivain, Chateaubriand, et son philosophe, Bonald. Elle éprouvait le besoin d’avoir son poète. Seul, un poète manquait à ce beau mouvement de renaissance religieuse. De toute force, il fallait qu’il vînt. On sentit que cet élu était Lamartine… Les Méditations furent donc admirablement « lancées ». Il se trouvait par bonheur que ce beau jeune homme avait en effet du génie, qu’il en avait même autant qu’on en puisse avoir. Je crois que « ça se serait su » tôt ou tard. Mais, sans la complicité du très brillant « faubourg » d’alors, Lamartine eût fort bien pu attendre la gloire encore quelques années.
Ainsi se réduit, dans la destinée de Lamartine, la part du « surnaturel ». Ne vous en plaignez pas : car, même ramenée au « naturel », il y reste encore assez de mystérieux. — Je viens de relire des vers de Chênedollé et de Fontanes, très purs, très harmonieux, très beaux enfin, je vous le jure, et que j’aimerais à vous citer. Il s’en faut parfois de très peu, de l’épaisseur d’un cheveu, — d’un cheveu blond des petites soeurs, — que ce ne soient déjà les Méditations. Mais ce ne les sont pas. Pourquoi ?