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reuse virilité. Tels ces héros de légende qui ont des airs de vierges, avec des musculatures de guerriers ; tels ces archanges qui ressemblent à la fois à des jeunes filles et à des hercules ; tel le beau « chevalier au cygne », ou tel le petit Aymerillot, qui avait des yeux de pervenche et qui, on ne sait comment, « prit la ville. » De cette douceur de caresses qui enveloppa son enfance et où, plus tard, le grand diable venait sans doute s’abriter et se réchauffer sans déplaisir après chaque escapade ; de cette « nourriture » féminine, — pour parler comme autrefois, — Lamartine garda aussi le culte religieux de la femme, l’amour de la pureté, une répugnance à l’ironie et une incapacité de la comprendre chez les autres, une invincible chasteté de plume, une incroyable inhabileté à peindre le vice et le mal, inhabileté qui éclatera presque plaisamment dans la Chute d’un ange

MM. Deschanel et Reyssié nous apprennent encore, — ou nous rappellent, — que Lamartine eut au plus haut point ce qu’on a nommé avec indulgence le « don de l’inexactitude », spécialement quand il parle de lui-même. (Beaucoup d’autres, si je ne m’abuse, et notamment Chateaubriand et Victor Hugo, eurent le même don.) Continuellement Lamartine se trompe sur son âge. Une fois, il se rajeunit de trois ans, parce qu’il lui semble beau d’avoir été allaité par sa mère dans les prisons de la Terreur. Il a l’habitude d’antidater ses pièces pour nous