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cheveux en broussailles, l’air éveillé pourtant ; en somme, un beau gars de Milly qui a bien employé son temps et se porte à merveille. » — Et, à ce propos, je vous recommande la description que M. Reyssié nous fait de Milly, de Saint-Point et des environs, bref, de la nature au milieu de laquelle grandit Lamartine : paysage de Sicile ou de Grèce pendant l’été, de Norvège ou d’Écosse à partir de l’arrière-automne ; paysage aéré et découvert, à grandes lignes, avec beaucoup de ciel ; dont les images emplirent pour jamais les yeux du jeune rêveur et qui, — avec certains sites d’Italie, — forment le « décor », toujours largement baigné d’air et découpé en vastes plans, des Harmonies et des Méditations. Ces pages de M. Félix Reyssié, c’est de la géographie vivifiée par l’amour.

L’enfance, l’adolescence et la jeunesse de Lamartine, — jusqu’à vingt-huit ou trente ans, — furent celles d’un hobereau assez pauvre, très vivace, même un peu rude, qui eut beaucoup de temps pour s’ennuyer et rêver et qui se forma à peu près tout seul. Enfant, il courait la montagne avec les petits paysans, une miche de pain et un fromage de chèvre dans sa poche. — La première éducation qu’il reçut de sa mère ne paraît pas avoir été tout à fait cette éducation molle, tendre, fondante, les yeux dans les yeux ou la tête dans les plis de la jupe maternelle, dont il parle dans les Confidences. Voici, selon le Manuscrit de ma mère, l’emploi de la journée : « La