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pure phraséologie ? Il suffit peut-être de dire que la légende, étant de l’histoire simplifiée et achevée par le rêve, est généralement plus belle que l’histoire, et que par là elle mérite notre respect. Vous ajouterez, si vous voulez, qu’elle peut être bienfaisante, propagatrice de générosité, de foi, de vertu, et qu’à ce titre également nous la devons révérer… Et encore, il y a légende et légende. Il en est de plates et totalement insignifiantes ; il en est de funestes. Et il y en a plusieurs, et contradictoires, sur les mêmes hommes et les mêmes événements. « Ce qui crée de la vie (c’est-à-dire la légende) est supérieur, dites-vous, à ce qui en détruit (c’est-à-dire à la critique). » Soit, n’ayons nul souci de la vérité, qui pourtant, même humble et fragmentaire, même inquiétante et triste, me semblait désirable et vénérable, uniquement parce qu’elle est la vérité. Mais, enfin, toute légende ne « crée » pas « de la vie », et, d’autre part, toute critique n’en « détruit » pas. Alors ?… Je comprends de moins en moins.

Pour en revenir à Lamartine, je crois bien que, quelques lézardes qu’on m’eût montrées sous « le lierre », et quelques faiblesses que la critique m’eût révélées en lui sous le déguisement de la légende, j’en eusse pris mon parti, puisque je l’aime. Que dis-je ! il y aurait eu, dans mon amour, de la pitié, du pardon, du chagrin, un retour chrétien sur moi-même : et ainsi, cette fois encore, la critique, loin