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un roman. Pas un journal, pas une revue qui n’en fît l’éloge… Tandis que les Pensées marchaient ainsi de triomphe en triomphe, l’auteur, lui, tendait de tous côtés une oreille inquiète. Ah ! ces premiers jours furent pénibles ! Enfin de bonnes nouvelles arrivèrent. Victoire ! criaient tous les échos. Je ne pouvais croire à tant de bonheur. » Il écrit couramment : « Le chapitre des Paysans est trop célèbre à mon sens, sinon à mon gré », et il parle du « prodigieux retentissement accumulé autour de son nom ».

Ah ! monsieur l’abbé, je ne saurais vous dire quel chagrin c’est, pour une âme restée religieuse et qui s’attendait à rencontrer un prêtre, de se trouver en face d’un vilain homme de lettres et d’un auteur fieffé !

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Pourtant, à y bien regarder, cette préface a aussi quelque chose de touchant, et qui désarme.

D’abord, cette fleur d’illusion, cette ignorance des hommes et des choses. L’abbé se figure avoir remué Paris, être entré dans la gloire. Il ne sait pas avec quelle rapidité nous oublions. On ne pensait plus guère à ses maximes limousines ; et si l’on s’occupe encore de lui, vous verrez que ce sera pour lui dire des choses désagréables. Il va souffrir, et je le plains ; car c’est évidemment un brave homme.

Il y a tant de candeur dans son contentement ! Citant l’article que M. Caro lui a consacré, il fait remarquer en note que cet article était de « vingt-quatre pages et orné de trois gravures ».