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« Les vierges sentent le lys. »

Et voici une pensée religieuse :

« La Théologie est une reine qui a les Arts pour chambellans et les Sciences pour dames d’atours. »

Je vous jure que tout est de cette force, sauf une douzaine de pensées que j’ai mises à part et que je ne citerai pas, crainte d’aggraver l’état d’âme inquiétant que nous révèle la Préface.

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Cette préface est un morceau bien curieux. L’abbé s’y étale, s’y contemple, s’y démontre avec une joie ! une complaisance ! une liquéfaction intérieure ! Hélas ! il se connaît si peu qu’il va jusqu’à repousser ce qui faisait le meilleur de son originalité. « On a semblé croire, dit-il, qu’une solitude forcée m’inspira de penser et d’écrire. » Eh oui ! nous le croyions, et c’est par là qu’il nous intéressait. Mais lui, le malheureux, tient absolument à être « auteur » et à l’avoir toujours été : « J’aurais écrit partout, reprend-il fièrement, et mieux à la ville que dans un fond de campagne. Ma plume, disciplinée de bonne heure, n’avait besoin ni de saint Hilaire ni de saint Sylvain pour frapper des maximes. »

Il nous raconte qu’en 1870 il avait déjà écrit quinze cahiers de pensées, qui furent pillés par les Prussiens, et il ne nous cache pas que c’est là une grande perte.

Puis il nous fait l’histoire de son premier volume :

« L’ouvrage eut un beau succès. On l’acheta comme