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la page de La Bruyère et qui faisait même songer aux horribles paysans des romans naturalistes. Bref, on fit fête à ce Jocelyn maussade.

L’abbé vint à Paris humer sa gloire sur place. Il fit voir sa tête chez l’éditeur Lemerre. L’Académie lui donna un de ses prix. Et son évêque, fasciné, le nomma chanoine.

Tant de succès grisa le prêtre maximiste. Le diable lui souffla de composer un second livre de pensées et de l’orner d’une belle préface.

Or, ses Nouvelles Pensées ne valent rien ; et, comme on sait, « rien, c’est peu de chose ». Et quant à sa préface, elle pourrait bien compromettre son salut éternel.

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L’abbé Roux ne s’ennuie plus ; l’abbé Roux est chanoine ; l’abbé Roux habite en ville, à Tulle. Mais, dès lors, l’abbé Roux n’a plus rien à nous dire.

Je prends au hasard dans ses secondes Pensées.

En voici de littéraires :

« Paul de Kock éclabousse la modestie et la pudeur pour faire rire. »

« Tacite est merveilleux dans l’antithèse, lorsqu’il n’y est pas ridicule. »

En voici de morales :

« Peu aiment beaucoup ; beaucoup aiment peu. »

« Un despote n’a pas d’amis. »

« L’époux qui frappe sa compagne mérite-t-il le nom d’époux ? Je dis plus : mérite-t-il le nom d’homme ? »