Page:Lemaître - Les Contemporains, sér5, 1898.djvu/89

Cette page n’a pas encore été corrigée

les coupes de cheveux, quand nous avons des cheveux. De là, de grandes facilités pour nous faire « une tête » et, par suite, plus de variété dans nos physionomies.

      *       *       *       *       *

J’ai dit que les « Dames de la Comédie » d’autrefois étaient affreuses. Cette appréciation est évidemment excessive. C’est, sans doute, que j’avais encore dans les yeux l’abominable portrait de « Rachel jeune » par Dubuffe père : un front d’hydrocéphale, une tête longue comme un jour sans pain. Et c’est que toutes les autres sont coiffées et habillées à peu près comme les figures allégoriques de la place de la Concorde. Je crois pouvoir affirmer que, depuis les origines de la civilisation jusqu’à nos jours, l’époque de Louis-Philippe est celle où les corsets ont été le plus mal faits.

Peut-être bien que, dans cet accoutrement, Mlle Réjane elle-même finirait par ressembler à la statue de Lille ou à celle de Rouen.

Devant de telles horreurs, on songe avec mélancolie : — Voilà donc les divinités qu’adoraient nos pères ! Voilà celles qui troublaient leurs coeurs, affolaient leurs cerveaux et hantaient leurs nuits ! C’est bien drôle !

Il est vrai que leurs horribles coiffures se défaisaient peut-être quelquefois, et l’on peut supposer qu’elles ne dormaient pas toujours avec leurs robes. Il est vrai aussi que, si l’idée de la beauté féminine