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de ce qui fut le visage de la Clairon. Il est seulement fâcheux que nous ne sachions pas lesquels. Mais le sort de la pauvre Gaussin est plus triste encore. On nous montre un portrait d’elle. Rien de mieux, n’était une petite difficulté : on n’est pas bien sûr que ce soit son portrait.

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Nous ne sommes pas au bout de nos mécomptes. Par un phénomène inexplicable et pourtant bien réel, s’il est vrai que les diverses figures peintes d’un même comédien ne se ressemblent jamais entre elles, il est également vrai que les portraits des comédiens d’une même époque se ressemblent tous, tous, — comme des frères. Arrangez cela !

Je vous signale, à l’appui de cette observation, un tableau de Faustin Besson ( ?) représentant « les Dames de la Comédie-Française en 1855 ». Elles ont toutes la même tête, et l’on dirait aussi le même corps et la même robe. Elles sont indiscernables — et toutes pareillement affreuses.

Et les hommes ? Lockroy père a la tête de Casimir Delavigne, et Casimir Delavigne a la tête de Victor Hugo. Je vous assure !

D’où vient cela ? Peut-être de ce que j’ai mal regardé (mais écartons cette hypothèse). Peut-être de « l’air de théâtre » également répandu sur toutes ces figures. Peut-être aussi de l’uniformité des mentons rasés et des coiffures. Nous avons la barbe, et toutes les coupes de barbe, à notre disposition, — et toutes