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nées. Vous constaterez qu’elles sont un peu moins ressemblantes, voilà tout.

Mais les portraits des morts pourront vous inspirer quelques réflexions.

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La première, c’est qu’il nous est absolument impossible de nous représenter exactement les traits et la physionomie d’un seul des comédiens d’autrefois.

Hélas ! nous ne savons même pas et nous ne saurons jamais quelle tête avait Molière. Ressemblait-il à Monval ? ou peut-être à Porel ? Mystère !

On hésite entre trois ou quatre images du grand homme. Ne dites pas que la question peut être tranchée par une sorte de divination, par un secret et sûr instinct du cœur. S’il en était ainsi, Monval aurait tout de suite reconnu, l’année dernière, la mâchoire de l’auteur du Misanthrope. Un je ne sais quoi l’aurait averti et éclairé. Or, Monval lui-même n’a pas osé la reconnaître : c’est un fait.

Le salon Bodinier présente d’autres cas aussi lamentables. Voici, par exemple, un premier portrait de la Clairon : c’est une Bartet, plus fade. Puis, en voici un autre, où elle rappelle tout à fait la Madeleine de Guido Reni (qui ressemble elle-même à Adrienne Lecouvreur). Et pas un trait de commun entre ces deux Clairon ! Laquelle est la vraie ? Ni l’une ni l’autre peut-être.

Du moins pouvons-nous espérer qu’il y a, dans l’une de ces peintures, quelques vagues linéaments