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contraires à ce qu’on entend justement par dilettantisme, et d’y entrer tour à tour. C’est grâce à lui que notre écrivain a pu s’éprendre à ce point des romans russes, ou, si vous voulez, c’est l’ennui mortel issu de son dilettantisme qui a finalement déterminé ce prétendu dilettante à ne plus l’être. Oh ! sans doute il traînera toujours derrière soi des lambeaux du vieil homme ; il ne sera jamais un Vincent de Paul ; ses expériences d’« altruisme » ont échoué, et ses tentatives pour « croire » n’ont point mieux réussi. Mais n’ayez crainte, il en demeure quelque chose, et l’on peut dire, en un sens, que c’est le dilettantisme qui a conduit M. Rod à plus de charité et d’humilité d’esprit, et à une résignation déjà chrétienne.

La vie n’a de sens que pour ceux qui croient et qui aiment : telle est sa conclusion. Son livre se rattache donc à ce mouvement d’esprit qu’on pourrait presque appeler évangélique, et qui est si sensible dans les écrits de Paul Bourget, de Maurice Bouchor, de Paul Desjardins, et de toute l’élite de la jeune génération. Et je me figure que l’origine de ce mouvement, c’est, quoi qu’on en dise, cette curiosité même qui est la marque éminente de notre temps : car on arrive assez vite à reconnaître que la curiosité intellectuelle et sentimentale ne suffit pas pour vivre pleinement, et c’est là une constatation qui a des conséquences.

Ce n’est point que ce credo des âges nouveaux soit