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vous êtes patient et capable d’attention, et si vous avez l’âme assez bien située pour vous soucier parfois de choses réputées inutiles, reprenons le sonnet que je citais tout à l’heure, et tâchons de le traduire comme nous ferions d’un texte de Lycophron.

Je vous ai donné ce sonnet tel qu’il est dans le livre, sans aucune espèce de ponctuation. Il ne serait peut-être pas mauvais de la rétablir d’abord. Il faut, je pense, une virgule après change, un point après étrange, une virgule après eux, une après tribu, un point après mélange, un point d’exclamation après grief, une virgule après s’orne, une après obscur, — et, j’imagine, un point final.

Et maintenant voici la traduction que je vous propose :

« Redevenu vraiment lui-même, tel qu’enfin l’éternité nous le montre, le poète, de l’éclair de son glaive nu, réveille et avertit son siècle, épouvanté de ne s’être pas aperçu que sa voix étrange était la grande voix de la Mort (ou que nul n’a dit mieux que lui les choses de la Mort).

« La foule, qui d’abord avait sursauté comme une hydre en entendant cet ange donner un sens nouveau et plus pur aux mots du langage vulgaire, proclama très haut que le sortilège qu’il nous jetait, il l’avait puisé dans l’ignoble ivresse des alcools ou des absinthes.

« Ô crime de la terre et du ciel ! Si, avec les images qu’il nous a suggérées, nous ne pouvons sculpter un