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rence, prise de compassion, ne se fâche point, mais lui demande son histoire.

«… J’ai obéi (c’est Louiset qui parle). Je me suis assis près d’elle et je lui ai conté tout… Elle écoutait, presque recueillie… De temps en temps, elle pleurait… Elle me prenait les mains et me les serrait. Maintenant que je resonge à cette scène, je la trouve bien extraordinaire. Figure-toi cette chambre de jeune femme, mystérieuse comme un boudoir, éclairée par vingt bougies ; le lit en face de nous… Elle décolletée, les bras à demi nus… — moi fait… comme je le suis maintenant… Quand j’ai eu tout dit, je me suis senti à la fois soulagé et épuisé… »

« Vous adorez votre femme, lui dit la bonne Laurence. Allez la retrouver. » Et il y va, et il lui pardonne. Il trouve auprès d’elle l’enfant qui n’est pas de lui, un pauvre petit être chétif et malade et qui gémit doucement dans son berceau :

«… Son cœur se déchira dans un sanglot de pitié. Et, penché sur le front de l’enfant fiévreux, qui levait sur lui ses yeux de misère, — par où la mort semblait regarder, — il le baisa… »

Et la forme ? Il y a dans le style de M. Marcel Prévost, — avec quelques affectations de « modernisme », — de l’aisance, de l’abondance, même de la luxuriance, et un je ne sais quoi qui rappelle la manière de George Sand. Je note en pédant, — et avec regret, — des expressions qui m’ont affligé. M. Prévost ose