le même rapport que le berger avec son troupeau. À moins de dire (mais le poète n’y a probablement pas songé) que le berger dénombre ses moutons pour l’abattoir, comme la Peste dénombre les hommes pour la mort ?… La comparaison n’est donc pas d’une exactitude bien scrupuleuse.
Mais, d’autre part, en faisant asseoir la Peste sur une colline, le poète exprime très heureusement l’idée du fléau planant sur toute une région ; et, quant aux troupeaux de moutons (les voyez-vous qui cheminent le soir en se serrant les uns contre les autres ?), ils sont là pour donner l’impression du foisonnement, de l’accumulation des cadavres dans la ville pestiférée… En somme, l’image est grande, et ce qu’elle a peut-être de vague et d’indéterminé en accroît encore la magnificence. Ces deux vers ressemblent à de très beaux vers de Lamartine.
Or, ils sont de Mlle Louise Michel.
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Un mot d’enfant. Mag a cinq ans, et son frère en a trois. On leur a donné un gros baba et un petit gâteau sec. Mag prend le baba et dit à son frère, d’un air de charité angélique :
— Tiens ! mange le joli petit ! Moi, je mangerai le vilain gros.
Tout l’art de la diplomatie en une ligne !
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Un mot de gamin. Je le tiens du docteur Félizet. Il avait soigné à l’hôpital un gamin de dix ans, qui montrait de rares dispositions pour le dessin et qui,