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que, « si l’Empire avait duré, si Mgr Darboy avait vécu, l’Église de France se serait trouvée, une fois encore et malgré le concile, sous la domination d’un semi-gallicanisme pratique, parlementaire et régulier ». Il constate enfin, et avec douleur, que « Mgr Darboy a été plus chrétien que prêtre, plus prêtre qu’évêque, et que le baptême avait laissé plus de traces dans son âme que le sacrement de l’ordre ».

Or, nous avons beau faire, tout cela ne nous effraye ni ne nous chagrine. Chose inattendue et tout à fait curieuse, les sentiments que les hommes d’esprit modéré et qui souhaitent la paix religieuse voudraient rencontrer aujourd’hui chez ceux qui représentent au Parlement la foi et les intérêts catholiques, ce sont précisément les sentiments du grand-aumônier de Napoléon III.

Il est très vrai que Darboy fut surtout un politique et un honnête homme. L’héroïsme même de sa mort fut tout humain, sans l’exaltation des martyrs des premiers temps ou des missionnaires. Il mourut très courageusement et très dignement, parce qu’il le fallait

Je me souviens de l’avoir vu et entendu plusieurs fois, quand j’avais de quinze à dix-sept ans. Il parlait avec une pureté et une abondance merveilleuses et que je n’ai retrouvées, depuis, que chez Alfred Fouillée. C’étaient des sermons de morale chrétienne, très généreuse et très virile. Pas une fois il ne nous parla des dogmes.