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                                       Paris, le 15 novembre.

Je viens de lire avec le plus vif intérêt une brochure anonyme : La Vérité sur Mgr Darboy (Gien, Paul Pigelet, éditeur). C’est la réponse serrée, véhémente, spirituelle souvent et incisive, d’un prêtre ultramontain à deux biographes de l’ancien archevêque de Paris : l’abbé Guillermin et le cardinal Foulon.

Je ne puis analyser l’ouvrage ni en discuter le fond : la place me manque, et sans doute la compétence. Mais je vous dirai l’impression singulière que j’ai eue en le lisant. J’y ai senti à l’improviste quel abîme (et principalement depuis le concile du Vatican) peut séparer la pensée d’un honnête homme plutôt chrétien, comme je suppose que vous êtes, de la pensée d’un prêtre catholique.

Sur les faits, il est impossible de n’être pas d’accord avec l’auteur de la brochure. Il résulte évidemment des lettres de l’archevêque et de Pie IX, et d’autres documents officiels, que Darboy a été le plus décidé des gallicans ; que, ayant nié la juridiction ordinaire et immédiate du pape sur le diocèse, il ne s’est jamais rétracté formellement ; « qu’il a toujours été du côté du gouvernement contre le pape, contre le concile, contre l’Église, à l’archevêché, aux Tuileries, au Sénat, à Rome comme à Paris ». Lors donc