Page:Lemaître - Les Contemporains, sér5, 1898.djvu/351

Cette page n’a pas encore été corrigée

fidences d’une espèce particulière, la confidence des douleurs qui viennent de l’amour. Les jeunes femmes sentent que son cœur est tout à elles et l’en récompensent en lui parlant de leur propre coeur…

 … Hélas ! toutes ou presque toutes,
  Dans ce noble et charmant essaim,
  Perdent leur sang à larges gouttes
  Et portent une plaie au sein.

  Pas une qui n’ait sa blessure :
  L’une, après des jours triomphants,
  De rien au monde n’est plus sûre ;
  L’autre a perdu tous ses enfants.

  L’autre, encor si digne qu’on l’aime,
  N’a rencontré qu’un cœur glacé ;
  Tout a trompé la quatrième
  Dans le présent et le passé…

M. Édouard Grenier a trouvé ceci, d’être l’ami des heures douloureuses, de ces heures où l’amitié s’attendrit et se livre au point d’imiter un peu, au moins dans ce qu’ils ont de purement sentimental, les abandons de l’amour. Comprenez-vous ?

L’auteur des Poèmes épars est donc un sage bien ingénieux. Nous l’envions. Peut-être aussi envie-t-il ceux qui n’ont pas encore besoin de tant d’ingéniosité ?… De là la grâce mélancolique répandue sur ce petit livre.