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  Et qu’alors je pourrai ne voir dans la beauté
  Que le dépôt en vous du moule pur des races.

Eh bien, M. Grenier a su ne pas retirer tout à fait de son coeur vieillissant le poignard cruel et délicieux. Que dis-je ! C’est depuis que les premiers « rayons d’hiver » ont touché son front qu’il a su se faire un plus riche sérail. M. Grenier est le don Juan paternel des amitiés féminines.

 Les pâles amitiés remplacent les amours,

nous dit-il. Ne le croyez point : elles ne sont pas si pâles. Le sentiment qu’il voue à ses amies est encore un peu l’amour. Il en garde les formes extérieures, les caresses de langage et, si je puis dire, la liturgie, et même, parfois, les inquiétudes, les vivacités, les ardeurs. On devine, à certains passages, que le doux poète s’est fait gronder, tout comme un jeune homme, par ses belles amies. Il s’excuse, à plusieurs reprises, de la chaleur de ses adorations :

  La nature m’a fait d’une argile trop tendre,
  Et j’aime à me donner, même sans recevoir.

Mais, le plus souvent, il a l’adresse charmante de s’en tenir au rôle de consolateur. Son amour, qui flatte sans effrayer, lui vaut du moins des con-