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se passer de l’un et de l’autre côté de l’enceinte si consciencieusement fortifiée par M. Madier de Montjau ?… Mais je suis loin de Paris et n’aurai les nouvelles que demain. Laissez-moi donc, tandis que je regarde tomber les dernières feuilles, vous entretenir de choses paisibles et innocentes.

Justement, ce sont aussi des feuilles d’arrière-automne, ces Poèmes épars, de mon respectable ami M. Édouard Grenier, que j’ai pris avec moi pour faire le voyage. Lisez-les, ma cousine ; lisez particulièrement, dans ce livre d’un sage, les Sonnets et les Rayons d’hiver.

Il serait peut-être inexact de dire que M. Édouard Grenier est encore jeune ; mais il serait également faux de dire qu’il ne l’est plus. En tous cas, il a imaginé une façon bien spirituelle de ne plus l’être.

Vous vous rappelez les beaux vers de Sully Prudhomme :

  Viennent les ans ! J’aspire à cet âge sauveur
  Où mon sang coulera plus sage dans mes veines…

Le noble poète des Épreuves songe qu’il sera un jour « affranchi du baiser », et il ajoute avec une triste joie, — ah ! si triste au fond :

  Et vous ! oh ! quel poignard de ma poitrine ôté !
  Femmes, quand du désir il n’y sera plus traces,