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tir en politique. Les esprits finiraient donc par se ranger en un petit nombre de catégories. Mais ils s’y rangeraient spontanément. Au lieu des groupements artificiels d’autrefois, nous aurions des groupements naturels ; et chacun, étant plus sincère, travaillerait mieux et de meilleur cœur.

Notez que ce qu’on demande ici à nos députés, ce n’est même pas d’être plus vertueux, plus intelligents, plus désintéressés ; c’est seulement d’être un peu moins humbles, d’oser un peu interroger leur propre expérience et leur propre conscience. S’ils faisaient ce petit effort, nous aurions tout de suite une meilleure politique.

C’est comme en littérature. Si les jeunes gens ne copiaient point ce qu’ils ont lu, s’ils voulaient être sincères et ne traduire que ce qu’ils ont vu et senti, nous aurions de bien meilleurs livres.

Il y a pourtant une difficulté. « Être soi-même », cela est beau ; mais, pour être soi-même, il faut d’abord être quelque chose… Cette réflexion me refroidit un peu sur la phrase de M. Léon Say.

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                                       G…, 12 novembre.

Les abords du palais Bourbon doivent être, à l’heure qu’il est, fort tumultueux, et la journée sera, j’imagine, des plus intéressantes. Que va-t-il