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choses que j’avais aimées, puis me mettre en quête de celles que je n’avais pas vues et réparer un peu mes oublis ou mes paresses… Mais la foule était d’une densité plus cruelle encore que les autres fois. Alors j’ai cherché des coins paisibles. J’en ai trouvé ! Je me suis reposé dans une grande salle pareille à un ouvroir protestant, où sont exposées des dentelles et où des dames affables causent discrètement. C’est le pavillon Dillmont… J’ai été bien tranquille aussi dans une salle où l’on voit des casseroles de cuivre et des robinets. Enfin, je n’ai pas été trop dérangé non plus dans un petit coin du pavillon du gaz, où j’ai vu une amusante collection de tous les anciens ustensiles d’éclairage, lampes grecques et romaines, chandeliers rébarbatifs et torchères du moyen âge, lampes naïves et flambeaux des derniers siècles, etc… J’ai remarqué une exquise petite lampe antique, en forme de pied, l’orteil relevé et percé pour laisser passer la mèche. Ç’a été ma suprême découverte.

… Une dernière fois, la cité féerique nous est apparue dans un immense et surnaturel flamboiement ! Puis, tout est rentré dans la nuit. Et nous sommes au lendemain d’un rêve.

Rêve bienfaisant ? Oui, certes. L’Exposition nous a fait croire à notre propre renaissance. Elle a présenté à nos yeux de vives et brillantes images de paix et de fraternité humaine. Elle a été la fête magnifique du travail.