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commencer, a eu grand succès dans les couloirs, pendant les entr’actes.

Les origines de cette locution, on les retrouverait dans une vieille image chère à la poésie élégiaque. Je ne vous rappellerai que cette strophe de Lamartine :

  Ainsi toujours poussés vers de nouveaux rivages,
  Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
  Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
         Jeter l’ancre un seul jour ?

Si le temps est un océan et s’il y passe des barques d’amoureux, il peut donc y passer aussi des navires ou, en style moins noble, des bateaux.

Ces bateaux, ce sont les générations humaines.

Vous avez maintenant toutes les clartés qu’il faut pour bien entendre des phrases comme celle-ci :

— Voilà comme nous sommes dans mon bateau. Plus de préjugés ! Plus rien ! Ça embarrasse, les colis.

Ou bien :

— Vois-tu mon cher, nous ne sommes pas du même bateau.

Ou encore :

— Papa ? Ah ! le pauvre homme, il est d’un trop vieux bateau pour ça !

Si Paul Astier n’ose pas aller jusqu’au bout de