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plus travaillé que lui. Tout est étiqueté, catalogué, classé par ordre chronologique. Un prodige ininterrompu de patience et d’ingéniosité, telle est la vie de M. de Lovenjoul. Et quelle persévérance, quelle ténacité il lui a fallu pour assembler de telles merveilles ! Tous les moyens ont dû lui être bons pour cela. Pendant des années, il a dû, sinistrement, guetter des morts… Pourtant, il m’a affirmé qu’il n’était jamais allé jusqu’au crime…

C’est plutôt maintenant qu’il est en train de devenir un grand coupable. Ces chers manuscrits, il les aime tant qu’il voudrait les éditer tous lui-même, ce qui est impossible, car « ils sont trop ! » Je crois d’ailleurs qu’il n’a aucune hâte, au fond, de les livrer au grand jour. Et c’est cela qui est mal, très mal. Je le supplie d’y réfléchir. Son devoir évident est de s’adjoindre une petite brigade d’élèves de l’École normale ou de l’École des hautes études, et de tirer tout cela au clair et, vite, de tout publier ; bref, de se donner un peu de peine pour notre plaisir… Un collectionneur égoïste n’est qu’un receleur distingué. Parfaitement !

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                                       Paris, 31 octobre.

Hier soir, 30 octobre, au théâtre du Gymnase, la langue française s’est enrichie d’une locution nouvelle qui est sûre de faire son chemin et qui, pour