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comtesse Hanska ; bref, de quoi faire cinq ou six volumes d’œuvres inédites. Il y a des protêts et des exploits d’huissiers par centaines, toute l’histoire, en papier timbré, des dettes de Balzac. Il y a un mémoire de serrurier qui nous apprend que Balzac, rentrant chez lui pour la première fois après son mariage… Mais j’ai promis de ne rien révéler. Il y a une facture d’orfèvre où nous voyons que la pomme de la fameuse canne… Mais M. de Lovenjoul m’a fait jurer de ne rien dire. Il a des lettres de Musset à George Sand et de George Sand à Musset où il apparaît clairement que… Mais je suis honnête homme, vous ne tirerez pas de moi un seul mot de plus.

(Et il y a une lettre écrite par Balzac à l’âge de dix ans, où il assure à sa mère « qu’il se frotte les dents avec son mouchoir comme elle le lui a recommandé ». Tant pis ! je trahis ce secret-là.)

M. de Lovenjoul est heureux, vous ai-je dit. Je l’ai été, moi, pendant l’heure trop courte où j’ai pu tenir entre mes doigts, sur ces feuilles jaunies, un peu de la vie quotidienne et familière, de la vie toute nue et toute franche de quelques-uns des esprits que j’aime ou que j’admire le plus. Quels plaisirs ne doit-il pas éprouver, lui qui ne les quitte pas, qui vit avec eux, et dans une intimité si secrète qu’il connaît sur eux des choses insoupçonnées.

Et ces joies, il les mérite, car nul bénédictin n’a